Oeuvre: Carnet des jours flous


Texte de fiction brut sous forme de journal intime d'une schizophréne.










23/06/2014

O Mon doux, mon merveilleux anniversaire.

A strange day.
Comme les matins tardifs pressurés de soleil
Comme les oreilles des mulots aux aguets
Comme une nuée d’abeille cherchant un refuge d’été
Comme le bourreau allumant une cigarette à sa victime
Ce merveilleux anniversaire qui allume des candélabres (27 pour être exacte), en couronne au-dessus de ma tête. Nous le soufflerons à deux, ou j’aurais pu ne pas le souffler, toute seule. Il n’apporte ni n’enlève rien. C’est un résultat nul à un infini. Cette date marque juste la quadrature du cercle qui se referme sur mon poult irrégulier.
Ce doux cercle, ce merveilleux cercle
Celle de la course du rat
Coincé dans sa roue


Les catafalques d’air chaud
S’agglutinent sur le tarmac
Les murmures chapeautent
Les tourelles de marbre
Ils tournent, ils tournent,
Les petits miracles de rosées

Quand les voix se sont tuent,
Quand les voix se sont tuent,

Mon cœur s’arrachait
Déjà au ciel


C’est quoi c’te fille ?


Un nuage de mots pénètre invariablement le mur sonore des langues inconnues.
« Marche à droite ! Non tourne à gauche ! Reviens sur tes pas ! Cours bordel !
Tarée
Cours aussi vite que le cheval frappant son box dans ta poitrine
Cours aussi vite que la tempête décimant ton souffle

Moche

Je pousse ma peur ou c’est elle qui me pousse ? Nous sommes tellement bon ennemis qu’on se suit jour et nuit, jour et nuit. Si je la repousse, elle repasse le poult. Si je la surpasse, elle me rapplique.

Chelou

Le cymbalta, l’aprazolam et le zolpidem, sont mes nouveaux amis, ils m’aveuglent de leur lumière pour que je ne puisse pas observer le vide. Pourtant, je l’entends entre les interstices, il filtre le jour. Mes nouveaux amis m’entourent de leur bras synthétiques. Nous tournons lentement, des satellites autour de leur étoile. Moi, je ne vois qu’un trou invisible, la frêle danseuse de verre dans sa boite à musique.

Fille à papa

Arrête de pleurer bordel ! T’as un toit au-dessus de ta tête, une tête (pas très symétrique certes mais bon tout est dessus) ! Qui tourne pas rond parfois mais une tête à toi, immatriculée, coiffée, lavée, éduquée. T’as un cul, des jambes pour courir (oui, tu préfères ramper- pourtant même les rats courent), des mains pour taper sur un clavier, une bouche pour sourire (bien sûr on dirait une grimace ta bouche mais bon c’est l’intention qui compte !).
Putain t’écris ! On dirait une de ces adolescentes boutonneuses, adeptes des Tchats et des poèmes sirupeux. Elles mouillent leurs pauvres claviers en rêvant du jour où armaient d’une mitraillette AK, elles dégommeront leurs vilains bourreaux. D’autres jours elles s’imaginent avec cette putain de couronne au bras du gars le plus en vue.



12/07/2014

J’ai 27 ans c’est officiel, bientôt la trentaine et j’ai l’âge mentale d’une ado boutonneuse qui se regarde comme a freak, jure contre les autres et leur incompréhension, et pleurniche. Oh ça pour pleurnicher ! T’ajoute la procrastination et je serais première sur le podium. Une semaine environ après mon gentil internement dans un centre de jour. Je suis revenu back at the begining sans toucher les 20 000e. Les psychologues sont adorables mais ils ne te conseillent rien pour prendre par quel bout ces putains d’angoisses.

Depuis mardi je ne suis pas sortie. Je joue au chat et à la souris avec les voisins du dessus, en évitant de faire le moindre bruit possible, parfois je me surprends à retenir ma respiration. Mon pire cauchemar est devenu réalité, les voisins et je pense plusieurs commerçants ou d’autres personnes que je ne connais pas ont appris à quel point j’étais tarée. Ma colocataire ne me croit pas. 
Bon en même temps mes angoisses, mon côté paranoïaque ont rendu le récit un peu décousu, je dois l’admettre et vu dans l’état de stress ou j’étais, tout était possible. Ce qui est drôle c’est que Saint Denis  (saint patron des gens qui ont perdu la boule), est le lieu de pèlerinage pour tous les fous et autres dingues que la rue, la migration, la bouteille, les seringues, le pétard, les deuils, la solitude ont laissé leur raisons dans leur valises. Je devrais passer inaperçue dans cette cour des miracles mais je suis blanche, j’ai un toit et mes bizarreries me bloque chez moi, chose totalement inédite pour mes congénères. Et c’est juste que mes voisins fatigués de m’entendre à n’importe quelle heure de la journée, s’amuse de cette situation.
 Je m’installe dans le salon, sur la même place avec les stores fermés quelques soit l’heure du jour. Avant cette histoire de voix, j’ouvrais les fenêtres, maintenant je les garde close également de peur d’entendre quelqu’un parler de la folle, la taret. Je dis ça sans plainte particulière. L’anormalité est mon quotidien. Il faut que j’affronte Rodolphe et ses amis (Rodolphe est le doux nom que j’ai donné au type de chair et d’os (ou de brume) qui me poursuit, hurlant ce que je me jette à la tête dans mes doux monologues avec moi-même).
Il faut que je fasse à face avec mon miroir, mon reflet, celui après trois ans coincée dans un bout de néant.

Une année sous l’érèbe
Des feuilles vertes et froides chutent
Sur le fleuve glacé

Elle court. Lentement. A la manière d’un pingouin sur un lac gelé. Elle court en slalomant entre les touristes, renversant les vendeurs à la sauvette. Regard de bête égarée prise dans les phares du jour. Elle court vers où ? Dieu seul le sait. Enfin, il s’en fou, dieu. Il la regarde passer comme les vaches regardent les promeneurs en attendant l’abattoir. Si cette fille est une partie de sa création, il faudra une double dose aujourd’hui. Sérieux, il ne se souvient pas d’avoir aperçu folle pareille, depuis…depuis la dernière sorcière brûlée sur un bucher, elle en tenait une couche celle-là. Elle croyait que …ah oui ! Elle était persuadée que qu’il  lui parlait et lui disait d’aller sauver le royaume des français.
S’il y avait bien un peuple dans l’univers qu’il aurait pu sauver honnêtement, il les aurait pas choisie. Des pédants ceux-là, jamais vu des égocentriques pareil et «  Oui ! la fille ainée de l’Eglise catholique …Le pays où a été inventé les droits de l’homme ! LA LANGUE Françaaise ! Mon cul ouai ! »

Il arrête le cours de ces pensées car un cafard céleste trottine sous son fauteuil roulant. Happé par le chemin incohérent de l’insecte dieu observe cette absurdité se déroulait sous ses yeux torve.
Qui a laissé rentrer ce cafard chez moi bordel ? pensa dieu
Madeleine ! Madeleine ! Marie ! encore à bavassser celles là bonne à rien

Raconte-moi une histoire ?
Une histoire ?
J’en connais pas moi. Demande ça à Jésus, il sait bien endormir les enfants. Jésus !
Non toi !
Au commencement,
Oui après ?
Ben attend je cherche de qui ça parle. Tu veux. Ça fait longtemps que j’ai pas réfléchie c’est un peu le néant dans ma tête.
Au commencement,
Il y avait Rodolphe
C’est qui ça Rodolphe ?
C’est un nom de chien. C’est un chien, ça pourrait être un doberman, j’aime bien les doberman.
Ben attends bordel, je sais pas.
Non c’est un chien à deux pattes, le plus redoutable et le plus stupide.
L’homme ?
Oui un homme.
On pourrait dire que c’est un petit gars. Tiens un jeune, un ado, pas encore assez grand pour travailler mais déjà tout juste assez pour bien en baver.
Pourquoi il en bave Rodolphe ?
Ben parce qu’il est pas tombé dans la bonne famille. Je devais être encore bourré quand il a poussé celui-là. Il a une histoire pas plus dure qu’une autre, juste sa besace une peu lourde pour ses jeunes épaules et il les traine déjà. Ca le voute un peu Rodolphe. Il est assis en bas des bars de cité, les grands lego de béton. Elles montent au ciel comme du chien dent.





13/07/2014

J’aime regarder les filles qui joue à cache-cache, leur poitrine gonflée qui joue à cache-cache
J’aime regarder les filles
Les filles
Les filles
Les filles
Aujourd’hui je suis sur le point de proposer à Rodolphe qui je suis persuadée se trouve dans le bâtiment d’en face mais ma colocataire pense toujours que je suis folle enfin que ce n’est qu’une voix dans ma tête. J’ai envie de lui proposer une trêve à ce gentil petit pervers, zieuter des dames qu’il trouve rebutantes et folles, quel obsédé ! Je suis une sorcière. J’ai la réclusion les cheveux. J’écris ça avec le sourire. J’assume mieux d’être folle ce matin, je crois où ce que les gens mettent derrière ça. Et j’entrevois ce que j’aurais pu faire au lieu de rentrer dans ma coquille, terrifiée.
C’est eux les fous, les vides qui observent un écran d’où ils pensent voir sortir un monstre. Je n’en suis pas un. Je ne suis pas folle ou si je le suis tarée, tout comme eux.
Je vais trouver la faille dans le mur.
Je vais m’en sortir. Je trouverais le chemin dans le labyrinthe.


O rodolpheouné coincé lui aussi dans son labyrinthe derrière sa prison de verre
O le chien fou qui aboie au quatre vent
O Rodolphe court et aboie pour oublier qu’il est aussi chien que les autres
O rodolphe qui prend sa course comme elle vient
Boomerang ou pas la vie est le maintien
De la balance électrique
O rodolphe mets l’autre devant sa porte pour ne pas voir son reflet
O Rodolphe hurlant à la mort en bas des tours de verre
Sautant de trou en trou avant de trouver son étoile
Sourd de nuits et de mauvaises places,
Soul il est O Rodolphe le mal né
Le cabot caché du destin et des fées
Soul les canines retroussés, il chasse l’autre
Avant qu’il ai pu l’attraper
Sa soul o man
Rodolphe sans patte et sans lien
Il aboie les oreilles aux aguets
La sorcière pourrait l’attraper
Tellement de flaque et d’ornière
Faut être un vrai chef
Pour éviter
De CHUTER
De CHUTER
De CHUTER

Rodolphe ici la terre ! Rodolphe s’est envoyé en l’air en atmosphère, il chute et avance sans pédaler, les yeux happés par l’univers. Ici la terre Rodolphe!
Il évite de justesse un nuage de satellites désossés. Câblé le cabot sur les ondes comme un chant terrestre. Il regarde les intra- terrestres qui s’agitent et swinguent, et swinguent.


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